Le sommet de la Meije, reste un objectif de choix pour tous les alpinistes. De tous ses versants, les objectifs ne manquent pas et la qualité des itinéraires reste majeur a tous point de vue. La qualité du rocher dans la face Sud n'est pas une légende et l'ambiance de la face Nord est exceptionnelle avec le viallge de la Grave juste en dessous.
Avec Vincent, notre objectif en cette fin mai 2025 est la voie du Z en face Nord. Nous partons depuis le hameau de la Berarde car la montée par les Enfetchorres nous semble trop enneigée. Le refuge du Promontoire est en veille en attendant la réouverture en Juin et nous voila lourdement chargé pour cette première journée d'approche.
Aucune info n'a tourné ces derniers temps, c'est l'inconnu des conditions et malgré une observation aux jumelles depuis le Grave, difficile de savoir réellement si les conditions que l'on va rencontrer vont être favorable. On retrouve le fonctionnement d'avant les "réseaux", ou rien n'est acquis sans effort et sans peine.
On décide de partir en ski de rando mais aussi avec les chaussures d'alpi et les snowplacks. A tous ça, on y ajoute de quoi être autonome en nourriture, réchaud, gaz...pour une nuit, voire deux! Les sacs à dos sont un peu lourd quand même mais la montée dans le vallon des Etançons n’oppose pas de difficulté, suffit d'y aller tranquille et ça ira.
En traversant le village de la Bérarde, sinistré, les souvenirs de l’évènement catastrophique qui a englouti ce hameau ressurgi et nos pensées vont vers toutes ces personnes qui on tant perdu! Ce magnifique vallon des Etançons est quand même bien ravagé dans sa première partie. Jusqu’au refuge du Chateleret, le sentier à souvent disparu, la puissance de l'eau est toujours plus forte que n'importe quel aménagement humain. 
Nous pouvons enfin chausser les skis et la montée jusqu'au refuge du promontoire va être plus douce même si la pente est forte. Nous voila rattraper par Sandrine, la gardienne qui vient faire quelques réparations au refuge avant la saison d'été. Elle nous dépasse allégrement, tranquille le chat, accompagné de Jean Pat, un ami, ils montent tous les deux en aller retour, vite fait et nous aurons le plaisir de partager ensemble un bon plat chaud de pâte au refuge.
L’après midi est pour nous repos et contemplation avant de se projeter dans les préparatifs pour demain. Nos hôtes quittent le refuge pour redescendre avant la nuit et nous voila seul, perché à 3092m dans ce petit refuge, si bien blotti au pied de l’arête du Promontoire. La grande particularité de ce refuge est que quelques que soient la course envisagé, toutes les cordées enfilent leur baudriers dans le refuge et parfois même s'encordent pendant le petit déjeuner.
Pour nous, après un frugal repas, une bonne tisane, un coup d’œil au ciel pour vérifier que les étoiles sont bien présentes et hop, au lit.
De nuit, la montée à la brèche de la Meije nous occupe un peu quand même, la neige est profonde malgré nos snowplaks, nous sommes encore tôt en saison, la neige n'est pas transformé. La tache est rude lorsqu'on enfonce jusqu'au genoux mais nous finissons par déboucher à la brèche et nous plongeons dans la face Nord. Dans ce versant, la neige est variable, tantôt dure et bien portante, tantot froide et encore profonde. Nous passons la rimaye, complétement bouchée et nous pouvons enfin grimper. De belles longueurs de neige, un peu de glace et de mixte , nous évoluons bien et le jour nous rattrape déjà mais pas pour longtemps, la face tourne vite a l'ombre. La première rampe qui file a droite et terriblement exposée, facile au début avec quelques pitons rassurant, elle se poursuit en traversée horizontale ou nous sommes heureux de trouver de belles conditions de neige pour enfoncer un peu les crampons. La ligne suit vraiment la ligne de faiblesse visible depuis la vallée, un coup a droite, puis a gauche puis encore a droite... jusqu’à la dernière partie qui elle ne se voit pas du bas. Et forcement, là, c'est tout en glace!
On sort la technique et le matos, broches à glace, friends et câblés, les crampons sont affutés et avec Vincent on grimpe souvent en cascade
de glace l'hiver ensemble. Pas si long, finalement, deux belles longueurs de glace nous amène à la brèche du Glacier Carré.
Au soleil de la brèche, nous nous accordons un moment de réflexion et nous optons pour la descente, la montée au Grand Pic est fortement enneigée. Le glacier carré au soleil de l’après midi est mou en profondeur, la neige est liquide et il faut progresser avec vigilance pour ne pas finir en bas...Heureux de retrouver des rappels, nous filons enfin jusqu'au refuge.
Le Z reste un itinéraire d'envergure, jamais trop raide mais quelle ambiance dans cette face Nord. A vrai dire, n'importe quel itinéraire à la Meije est un moment d'exception! Merci Vincent pour ces moment partagés en montagne et merci Sandrine pour ce merveilleux plat de pâte partagé au refuge.
